Gérer la lombalgie chronique

Cet article a pour de but de venir en complément de cet autre article dédié aux douleurs lombaires aiguës (que nous vous conseillons de lire en premier), dans lequel nous avions abordé certains points anatomiques et explicatifs qui ne seront pas répété ici.


La lombalgie, en fonction des auteurs, est considérée chronique au delà de 3 mois, ou pour d’autres pour toute lombalgie persistante après la fin du traitement. Quoi qu’il en soit, cette situation est bien différenciée de l’episode de lombalgie aiguë, comme le tant redouté lumbago. L’origine de la lombalgie chronique peut être variable, bien que la plupart du temps elle est consécutive à des troubles mécaniques intéressant le rachis et ses composants. (1)

Problématique

En tant qu’ostéopathes, nous intervenons de manière ponctuelle pour le suivi des lombalgies chroniques. Au cours de ces consultations épisodiques, nous tentons de détecter de manière précoce des éléments risquant de favoriser les douleurs: nous jouons alors un rôle de prévention secondaire. Dans d’autres cas, nous intervenons en curatif en cas de recrudescence de douleur ou de crise. Les éléments au coeur du dialogue avec le patients, sont très souvent les mêmes: que dois-je faire? Qui dois-je aller voir? Dois-je passer une radiographie?
Nous tentons dans la suite de cet article d’apporter des éléments de réponse.

Facteurs de risque: fin des idées reçues?

Selon l’organisation mondiale de la santé, Le mal de dos, quelqu’en soit la cause de départ, est soumis à des facteurs (barrières) qui déterminent la persistance ou non de la douleur et de son intensité:
Important: La qualité de vie d’un point de vue psychosocial est au premier plan. En particulier, certaines études sérieuses ont révélé qu’une situation professionnelle non satisfaisante ou fortement stressante est dans de nombreux cas liée à la persistance du mal de dos.
modérément important: Le poids, la taille, une hyperlordose lombaire, et l’ éventuelle inégalité de longueur des jambes joueraient un rôle, mais finalement très faible.
pas du tout pertinent: Les hernies discales et syndrome du canal lombaire étroit sont extrêmement fréquents, même chez des individus ne souffrant pas du tout du dos. Les etudes portent à croire que la plupart des douleurs chroniques ne sont pas directement liées à ces pathologies, que l’on retrouve finalement dans la quasi totalité de la population adulte. Alors, finalement, quel intérêt de proposer une imagerie (e.g radiographie) de façon presque systématique? Selon l’OMS, cela contribuerai à l’anxiété par rapport à la douleur, et pointerai du doigts des particularités vertébrales faussement en causes. En d’autres termes, un recours excessif à l’imagerie favorise ou du moins augmente l’impact psychologique et la douleur dans un contexte chronique, ce qui constitue alors une barrière.(2)

Se soigner: quand et comment?

Le « American College of Physician », après avoir collecté de précieuses données d’etudes à haut niveau de preuve (systematic reviews) et récentes (après 2015), a établi une liste des bonnes pratiques non-invasives et non-pharmacologiques (c’est à dire sans évoquer les possibilités chirurgicales et médicamenteuses) en fonction de la période de la lombalgie. En toute logique, vous remarquerez que ces « interventions » sont directement cohérentes vis à vis des facteurs précédemment cités! En quelques mots, voici leurs recommandations :
Lombalgie aiguë et subaiguë (d’un mois à trois mois) : application de chaleur, manipulation vertébrale, massage, et acupuncture. (ces deux derniers ne s’appliquent pas aux lombalgies accompagnées de sciatiques, ou aux crises de lombalgies aiguës hyperalgiques, soit les situations d’urgence fonctionnelle. plus d’infos ici et !)
Lombalgie chronique (par ordre d’importance): l’exercice et/ou rehabilitation de long terme (comprendre le sport et/ou kinésithérapie); acupuncture et gestion du stress, tai chi, yoga, relaxation; manipulations vertébrales. (3)

Soins pharmacologiques: attention

L’automédication est fortement déconseillée pour deux raisons. La premiere est le risque de prendre un traitement inadapté et/ou de ne pas respecter les dosages. La deuxième et non des moindres, est que les antalgiques « courant » (e.g paracetamol) sont absolument inefficaces sur ce type de douleur! Les traitements démontrés comme efficaces, sont précisément ceux qui sont soumis à prescription médicale (e.g AINS et opioïdes légers). Alors, en d’autres termes… Faites uniquement confiance à votre médecin, et ne touchez pas à votre paracetamol!(4)

Conclusion

Pour conclure, si vous souhaitez prendre soin de votre dos à moyen et long terme, il vous est recommandé de:
faire du sport le plus souvent possible, et sans interruption
prendre conscience des facteurs de stress ou d’anxiété s’ils existent, et les gérer au travers vos activités de loisirs (yoga, tai chi) ou en collaboration avec vos thérapeutes (ostéopathe, kinésithérapeute, acupuncteur, sophrologue, psychothérapeute)
gérer votre mode de vie, en particulier le poids
recourir à la chaleur, massage et ostéopathie pour les douleurs passagères si nécessaire.


1. Juniper, M., Le, T. K., & Mladsi, D. (2009). The epidemiology, economic burden, and pharmacological treatment of chronic low back pain in France, Germany, Italy, Spain and the UK: a literature-based review. Expert Opinion on Pharmacotherapy, 10(16), 2581–2592.
2. Ehrlich GE, for the World Health Organisation (2003) Low back pain. retrieved from https://www.who.int/bulletin/volumes/81/9/Ehrlich.pdf
3. Qaseem, A., Wilt, T. J., McLean, R. M., & Forciea, M. A. (2017). Noninvasive treatments for acute, subacute, and chronic low back pain: a clinical practice guideline from the American College of Physicians. Annals of internal medicine, 166(7), 514-530.
4. Bernstein, I. A., Malik, Q., Carville, S., & Ward, S. (2017). Low back pain and sciatica: summary of NICE guidance. Bmj, 356, i6748.